Rencontre avec Laura, créatrice inspirée !
Quand Laura m’a contacté pour me faire découvrir sa gamme Sonnenbaum 100% naturelle et biologique, je suis tout de suite tombée sous le charme de son univers. Depuis le nord de l’Allemagne, au bord de la mer Baltique, Laura créé à la main des cosmétiques uniques, avec pour matière première, des plantes issues de ses propres cultures biologiques ou de cueillettes sauvages. J’ai eu la chance de tester chacun de ses produits, et depuis, je ne pense qu’à vous les faire découvrir. L’amour et la passion des plantes sont concentrés dans ses petits pots, et une fois testé, vous ne pourrez qu’apprécier. Le printemps arrive, Laura doit se mettre rapidement à la taille des rosiers, binage de la terre (à la main), épandage du compost et fumier sur les plates-bandes, semer… enfin tout préparer pour la saison. Laura a accepté de nous donner un peu de son temps pour nous en dire plus sur sa passion et son travail.
D’où vous vient ce si bon français ?
Je suis née et est vécu près de trente ans à Genève. J’ai donc hérité d’une culture plutôt « à la française », que ce soit en littérature, musique ou en peinture. La culture du savoir-vivre et du goût des produits du terroir (qui sont des caractéristiques typiquement française à mon avis) est également très présente dans mon éducation.
Avant Sonnenbaum, que faisiez-vous ?
Ma vie a toujours été partagée entre l’art et l’amour de la nature. Ces deux leitmotivs m’ont accompagnés dès mon enfance. Je reçus lors de mon premier âge, une éducation musicale et passais le reste de mes journées au jardin à jouer avec les petits insectes, les fleurs et la terre. Je peux encore aujourd’hui me souvenir exactement des parfums et des plantes à chaque endroits du jardin de mon enfance. Les parfums sont magiques: ils sont porteurs d’émotions et de souvenirs. Bercée par les mélodies de Fauré et de Debussy, le nez dans les iris et les lilas et le regard dans les nuages, j’étais heureuse. Voilà en quelques lignes l’histoire de mon enfance.
Après la fin de mes études, ma maturité en poche, je fus admise au Conservatoire Supérieur de musique de Genève où je continuais à me former pour devenir chanteuse classique. Certains aspects ne me plaisaient pourtant nullement: le côté parfois pompeux et presque caricatural de cet univers, ce monde élitiste, ce maniérisme… Cela ne concordait pas avec mes valeurs et ma vision de la vie. Je partis donc à la recherche de l’authentique en passant par une spécialisation en musique ancienne, puis en essayant de renouer avec mon premier amour, la nature.
Quelles sont les origines de Sonnenbaum ? Comment et pourquoi avez-vous créé vos propres cosmétiques ?
Le chemin fut long et sinueux, en passant par des études en pharmacie, l’École Lyonnaise de plantes médicinales et une année de stages en agriculture bio et conventionnelle en passant par la culture de plantes aromatiques dans les Alpes. La seule chose qui était claire en moi, était mon envie d’apprendre la nature et de vivre avec elle. Et plus spécifiquement avec les plantes. Depuis petite j’étais fascinée par les anciennes traditions et les cultures ethniques: les Iseult porteuses des secrets de plantes, les récits provenant des vallées reculées des montagnes du monde entier, les ethno-botanistes parcourant les pays à la recherche d’informations sur telle ou telle herbe oubliée, faisaient briller mes yeux. J’eu la chance incomparable de faire la connaissance de botanistes de grande renommée. Ils m’ont accueilli et ont partagé avec moi leur passion et leur précieux savoir. Merci à eux.
Petit à petit l’idée de confectionner des baumes commença à germer dans mes rêves… Des créations qui conteraient les plantes, la nature, les aventures d’une femme insolite qui partirait à la recherche des simples…. Sonnenbaum était né. Il me fallu une quinzaine d’années de travail de recherches, de savoir-faire et d’expérience, pour enfin, en 2009 présenter mes premières créations.
Sonnenbaum, comment le traduiriez-vous en français ?
Sonnenbaum signifie l’arbre à soleil. Pour moi l’arbre à soleil représente une plante en particuliers: le millepertuis. Tels un petit arbre portant une multitude de soleils, il soigne blessures et brûlures, autant physiques que psychiques. La plante de la lumière. Dans les pays nordiques le soleil et la lumière sont d’une très grande signification. Si vous avez déjà vécu des hivers au nord, vous savez sûrement de quoi je parle!
Après les sombres hivers, le soleil vainqueur chasse les ténèbres avec une force incroyable jusqu’à atteindre son climax fin juin, à la St. Jean où les jours ici semblent durer pour l’éternité. C’est un moment à la fois beau et puissant, accentué par le fait qu’ici la lumière a une couleur très particulière, très blanche argentée. D’ailleurs pour en revenir au millepertuis, en Allemand on l’appelle Johanniskraut, l’herbe à St. Jean, car il fleurit de surcroît à ce moment de l’année et la coutume veut que l’on lance des brins de millepertuis dans un grand feu de joie qui repoussera les mauvais esprits des ténèbres.
L’on raconte également que le diable en personne fût si fâché de la puissance de cette plante, qu’il prit une aiguille et fit une multitude de petits trous dans les feuilles du millepertuis (d’où son nom français: millepertuis, herbe à mille trous). En effet, lorsqu’on regarde une feuille de cette plante à la lumière, on a l’impression qu’elle est trouée. Ce sont en fait de petites poches à essence. Ce qu’il y a de fascinant dans le monde des plantes ce n’est pas seulement leurs propriétés. C’est le fait qu’elles portent en elles des légendes au travers toute l’histoire de l’humanité. Ce sont des plantes compagnes de l’homme, à travers cultures et civilisations.
En plus d’avoir une compo parfaite, vos soins ne contiennent pas d’eau. Pourquoi ce choix et quels sont les avantages pour vos soins ?
Effectivement, le choix de confectionner des produits sans eau est explicite. Je confectionne théorétiquement parlant des baumes et non des crèmes. Les crèmes contiennent en grande partie une phase aqueuse. Or celle -ci doit impérativement être conservée à l’aide de conservateurs. Un agent émulgateur est également nécessaire pour que la phase aqueuse et huileuse se mélangent.
Pour moi, la confection de baumes est bien plus intéressante. Cela me permet d’avoir dans un pot, un concentré de principes actifs issus directement de la nature avec des procédés ancestraux et artisanaux. J’ai ainsi l’avantage d’avoir grâce à ce procédé, libre choix: je peux appliquer mon soin pur sur ma peau ou y vaporiser en plus par-exemple un précieux hydrolat de rose, lavande ou camomille. Ainsi je n’ai nul besoin d’ajout de conservateurs et d’émulgateurs et obtient de surcroît un produit d’une qualité 100 % bio, ce qui est très rare sur le marché de la cosmétique naturelle.
Finalement, vous exercez deux métiers, celui de jardinier et de créateur de cosmétique. Comment arrivez-vous à jongler de l’un à l’autre ?
Il y a des périodes “clefs” dans l’année du jardinier. Pour moi, mars/avril est un moment crucial parexemple. Dans ces deux mois les dés sont jetés pour toute la saison. C’est le moment de tailler, de préparer la terre, de semer. C’est un moment de magie. Quelle sensation fabuleuse! Je suis à ce moment là, tels un peintre devant sa toile encore vide, la seule personne à connaître le tableau qui brillera de toutes ses couleurs et odeurs les mois à venir. Je compose, je sème, je plante avec de larges gestes ancestraux dans ce canevas encore brun et dénudé, un sourire au lèvre, portant un profond secret en moi.
Et le mois de juin arrive enfin. Ce moment tant attendu. Le mois de la récolte des fleurs de roses et des fleurs de sureau. C’est le mois le plus merveilleux, le mois où les parfums mielés et suaves aux notes parfois citronnées ou giroflées se mêlent au goût savoureux des fraises. Le mois où couleurs et formes explosent de mille feux.
Et je ris, ris d’un rire d’enfant devant ce spectacle tant attendu et en même temps inespéré avec un pincement au cœur, car je sais que ce moment est fugitif. Il me faudra de nouveau attendre et tout préparer une année durant pour espérer avoir le droit de revoir un si beau spectacle… et qui sait… peut-être encore plus beau. Lorsque les récoltes sont alors achevées au jardin, il est temps de sortir les cartes et de planifier les récoltes sauvages, de partir à l’aventure.
Être jardinier/créateur cosmétique, cela forme un tout pour moi. Je ne pourrais imaginer l’un sans l’autre. Par cette façon de faire, je porte en moi en quelque sorte la saveur et les parfums des plantes à “fleur de peau” si je puis dire. La création est donc une sorte d’aboutissement: elle est témoin de mon vécu et porteuse d’émotions à la fois. Cette démarche demande énormément de connaissances et d’expérience dans de vastes domaines. Je m’y retrouve sans compromis. Mais je l’avoue… il faut avoir un petit brin de folie pour s’attaquer à un projet d’une telle ambition!
Quelles sont les perspectives pour Sonnenbaum ? Envisagez-vous d’élargir la gamme ?
Je souhaiterais faire connaître ma démarche à un public qui est à la recherche de l’authentique; j’aimerais éveiller des émotions: faire rêver de paysages, de fleurs parfumées, de beauté. Oui, car au plus profond de moi je le sais: la beauté crée la beauté. Quelques créations sont à venir (celle-ci sont déjà disponibles en Allemagne). À côté de la gamme très florale et romantique déjà existante, viendra s’ajouter une gamme mettant en valeur les plantes traditionnelles (les simples) tels le millepertuis, le soucis, la camomille, mais aussi des arbres tels le peuplier. Cette gamme s’appellera Couleur terre.
Merci d’avoir répondu à nos questions.
Dans la box d’avril, vous avez le plaisir de découvrir le baume à lèvre protecteur et délicieux, subtilement fleuri aux extraits de roses anciennes.
Sources Photos @Sonnenbaum